Les vagues de l’âme, l’épopée du coeur

Au commencement le Ciel contenait le Verbe
L’enfant et le renard jouaient dans l’herbe

Sur le bois noir, la colombe s’est posée

Le renard affamé dévora la lune
Quand la colombe lui montrait le vent

Dans la clarté, la longue dame brune
Quittant la pénombre, apparut à l’enfant

Devant son regard émerveillé
Sur le sol couleur prune
S’avançait avec elle le Serpent

D’un coup d’elle
Laissant saigner les sens
La colombe fendit le ciel

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Comble d’indécence
Le temps artificiel
Fit silence

Je rêve, se dit l’enfant
Je rêve donc je suis
Je me meus, répondit la colombe en chantant
Je me meus donc je suis

La colombe s’envola
Et l’enfant resta
Le septième jour Dieu pleura
Et le monde recommença

Le ciel s’assombrit
Son cœur se serra
Dans son corps et son esprit
Le Minotaure il cacha

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Bien plus tard
Autour de moi c’est la guerre
La dame est assise en face de moi, sereine
Quand mon monde s’écroule
Sa maison est mon refuge
Pour lécher mes blessures

Au commencement la terre contenait le ça
J’ai envie d’un enfant avec toi
La terre trembla, une faille s’ouvrit, la Mer s’engouffra
Et la colombe chanta trois fois

La mer se retira, sans arme,
La terre bruissa de mille âmes ;
Débarrassée de ses oripeaux
Elle présentait ses côtes en lambeaux
Attendant, dans une moiteur opaque
Le prochain ressac

Par une nuit oblongue
Le temps suspendu à ses lèvres
L’amour se fit jour

L’ange m’a frôlé
Par la lumière écrasé
Mon cœur consumé

Je compris que jusqu’alors
Je n’avais aimé que pour être aimé
Et qu’elle m’invitait à aimer pour aimer

Il en va des anges comme des fées,
Elles repartent comme elles arrivent
Par accident
Et laissent le lit défait

11 novembre 1918
Apollinaire dans sa fuite
Nous avait dessinés là
Emporté par la Neva
Mon cœur s’est rempli d’amour
En apercevant Saint-Pétersbourg

Je lâchai définitivement les rames
Ne ressentis aucune panique
Quand la Neva emporta mon âme
Jusqu’à la Baltique

Dans ses yeux la mer
Je me laissai voguer loin
Échouai en contrée étrangère
Sans témoin.

Puis vient le temps où l’heure se serre
Surgissent mes fantômes
Dont seule me délivre la terre
Et la puissance de ses arômes

Oh neige si légère
Lit de mon coeur si lourd,
Mon âme en bandoulière
Pleure ce monde sourd

Et dans cette neige si légère
Mon cœur lourd suivit les pas
De cette fée si particulière
Aux yeux si clairs et timbre si délicat

Faute de soin
Le temps s’est dégradé
L’orage est passé
Au loin

Dans un monde sans dieu
Comment dessiner les cieux

Perdu dans ta nuit
Ma lumière allumée
Je ne sais plus qui je suis
Ni où tu désires aller

Je n’éclaire que des ombres
Qui s’étirent quand vient le soir
Tes yeux deviennent sombres

Noir

L’hiver russe était passé par là
A perte de vue
S’étalaient des champs nus
Et cette lettre, K
Un vent chaud de révolte
Caressa mon visage
Il apportait le sable du Sahara
Et la promesse de l’aube
Une larme roula sur ma joue
Jusqu’à ses pieds

Au troisième jour
Le vent brûlant
Avait consumé tout sentiment
Ne restait que l’amour

Bleu

Ma liberté s’est arrêtée
Là où naissent tes seins
Dans un océan de rien
Quelqu’île de vérité

Rouge

Le charme s’est rompu
Comme nous nous étions liés
Sur un malentendu
De la méprise au mépris
Il n’y a qu’un cygne
Trop tôt envolé

[…]

Épilogue

Son dernier souffle vint se déposer sur ces lèvres
Berceau improbable et douillet
Pour cette petite âme enfin libérée

Publié par Cyril Chamalet

La révolte en credo L'amour comme seule morale L'absurde en horizon indépassable L'amour comme seule morale L'absurde en horizon indépassable Mes écrits sont fulgurances, les comprenne qui peut.

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