La rencontre

20021113

Palo Alto, Californie, une heure du matin par une nuit limpide et glaciale de décembre, le 8 probablement.

L’homme entre par la fenêtre, la femme lui fait face assise, tranquille, dans son fauteuil. Elle le regarde mi-amusée, mi-hautaine.

A sa vue, son désir de la posséder réapparait. Non pas jouir de son corps, mais se fondre dans son âme. Hors de ce but, tout lu a paru vain ces dernières années. Quand l’a-t-il abandonnée déjà ?

Le feu crépite dans la cheminée.

Il craint son regard qui éclaire sa vanité.

« Tu crois, toi, qu’on peut se tenir droit quand tout va de travers ? » (1)

Elle joue de nouveau avec lui, cherchant la Vérité quand lui poursuit l’Amour.

« En tous cas, on a une tenue ; droite, peut-être pas » souffle le feu.

Sa présence lui devient insupportable. Il sort son arme et la pointe.

La femme continue de sourire, le feu à rire. Il tire. « A quoi bon mourir ? » crie-t-elle au fond de lui.

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35 ans de métier dans la police, cette matinée a pour lui un air de déjà-vu.

Quand il pénètre dans la pièce, il jette un coup d’œil rapide au cadavre allongé. Edith Piaf chante en boucle « Non, rien de rien, non je ne regrette rien ».

Il éteint la chaîne hifi et remarque alors les pieds nus du cadavre. A l’instant où il aperçoit la tâche sur la cheville, il comprend que cette journée ne sera pas comme les autres : son fils à qui il avait tant appris à vivre gît là pour lui apprendre comment on meurt.

« Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide » Albert Camus, Le mythe de Sisyphe

(1) Ce texte de fiction a été rédigé à la manière d’un rêve, en laissant s’exprimer un imaginaire inconscient à partir de faits réels. La question a été posée par Nora dans ce billet http://www.noragaspard.com/hors-jeu/ et la réponse formulée par Paloma http://www.rootofdesire.blogspot.com//

Publié par Cyril Chamalet

La révolte en credo L'amour comme seule morale L'absurde en horizon indépassable L'amour comme seule morale L'absurde en horizon indépassable Mes écrits sont fulgurances, les comprenne qui peut.

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